Soutenance de thèse de Elie VIDAL-NAQUET

Depuis les années 1990, les disparités entre les différents marchés du travail locaux se sont accentués. Il est très important de comprendre les causes profondes de cette évolution. En effet, les causes de l’augmentation des inégalités spatiales peuvent être multiples : migrations internes, stratégies de recherche de travail différentes, développement inégale des technologies, polarisation du marché du travail, la concurrence internationale, l'externalisation de certaines activités… Cette thèse propose l’analyse de trois mécanismes pouvant jouer un rôle dans ces évolutions. Le premier chapitre étudie les facteurs expliquant la plus grande mobilité des cadres comparé aux ouvriers. À l'aide d'un modèle permettant de distinguer deux freins à la mobilité : les frictions spatiales, la plus grande difficulté à accéder à des offres de travail lointaines, et les couts de mobilité, nous montrons que les plus importantes frictions spatiales auxquelles font face les ouvriers sont la principale cause de cet écart de mobilité. Le deuxième chapitre mesure l'impact d’une baisse des coûts de transports sur le marché du travail et en particulier sur l’aire de recherche de travail des chômeurs. En étudiant l'effet causal d'une réforme prévoyant le remboursement de la moitié des coûts des transports en commun, mes résultats montrent qu’une baisse des coûts de transports augmente la zone de recherche de travail et les salaires obtenus. Enfin, un troisième travail empirique mesure l’effet de l’accès à internet haut-débit sur le pouvoir de marché des firmes. En utilisant son introduction progressive, nous estimons l'effet causal sur le pouvoir de marché des firmes dont les marges augmentent et dont le pouvoir de marché sur le marché du travail baisse. La hausse du pouvoir de marché des firmes sur le marché des produits est principalement dû à la baisse des coûts des importations, ce qui permet une hausse des marges des entreprises.

Between the 1990s and the end of the 2010s, disparities between different local labor markets became more pronounced, in a context of labor-market polarization. It is key to understand the underlying causes of this trend. Indeed, the causes of the increase in spatial inequalities can be multiple: internal migration, different job-search strategies, uneven development of technologies, polarization of the labor market... This thesis explores three mechanisms that may play a role in this structural change. The first chapter seeks to understand why managers are more mobile than blue-collar workers. A model is used to distinguish two obstacles to mobility: spatial frictions, the greater difficulty of accessing distant job offers, and mobility costs. We conclude that the greater difficulty for blue-collar workers in accessing distant job offers is the main difference explaining this mobility gap. The second chapter focuses on the effect of lower commuting costs on the labour market, and especially on the job-search radius. By studying the effect of the reimbursement of half the cost of public transport, I find that a decrease in commuting costs increases the job-search radius and the reemployment wages. Finally, a third empirical study measures the effect of high-speed Internet access on firms' market power. Using its stagered introduction, we estimate the causal effect on the market power of firms whose margins increase and whose market power in the labor market decreases. The increase in firms' market power on the product market is mainly due to the fall in import costs, which allows firms' markup to rise.