Soutenance de thèse de Bryan DUFOUR

Ecole Doctorale
Sciences Economiques et de Gestion d' Aix - Marseille
Spécialité
Sciences Economiques - Aix-Marseille
établissement
Aix-Marseille Université
Mots Clés
Mesure de la performance,Entreprise sociale,Evaluation de l'impact,Valeur sociale,Evaluation des politiques publiques,Gestion publique,
Keywords
Performance measurement,Social enterprises,Impact measurement,Social value,Programme evaluation,Public management,
Titre de thèse
Mesurer la performance des structures de l'insertion dans un contexte d'évolution des politiques publiques: une étude comparative entre la France et le Danemark
Measuring the performance of work integration social enterprises in an evolving policy environment: a comparative study between Denmark and France
Date
Jeudi 25 Avril 2019 à 14:00
Adresse
35 avenue Jules Ferry, 13626 Aix-en-Provence, France
Salle 1
Jury
Directeur de these Mme Francesca PETRELLA Aix-Marseille Université, LEST CNRS
Examinateur M. Jérôme BLANC Sciences Po Lyon
Examinateur Mme Nadine RICHEZ-BATTESTI Aix-Marseille Université, LEST CNRS
Rapporteur M. Lars HULGåRD Roskilde Universitet, Institut for Mennesker og Teknologi Organisering, Etik & Social Bæredygtighed, Center for Socialt Entreprenørskab
Rapporteur Mme Nathalie RAULET-CROSET Sorbonne Business School (IAE Paris)

Résumé de la thèse

Les structures de l’insertion par l’activité économique (WISE) ciblent l’accompagnement vers l’emploi d’une population croissante d’individus marginalisés. Ce faisant, elles sont devenues des partenaires privilégiés dans la mise en œuvre des politiques de l'emploi. Aujourd'hui, à l’heure où les deniers publics sont comptés, et dans le contexte de réformes publiques inspirées par le New Public Management (Hood, 1991), leur performance fait l'objet d'un examen de plus en plus attentif. Mais comment mesurer les objectifs d’insertion poursuivis par les WISE ? Et comment cette mesure affecte-t-elle les partenariats que les WISE nouent avec les acteurs publics? Ces questions s’inscrivent dans un pan de la littérature économique qui encourage de nouvelles façons d'appréhender la performance, particulièrement dans le contexte de l'élaboration des politiques publiques (voir, e.g. Gadrey et Jany-Catrice, 2016). Notre thèse examine ces questions à travers une comparaison entre la France (un pays poursuivant des réformes de type néo-Webériennes ¬ NWS) et le Danemark (réformes de type nouvelle gouvernance publique ¬ NPG), en utilisant la théorie de la valeur publique (PVT, Moore, 1995) comme cadre analytique. Notre thèse met l'accent sur la notion de performativité (les implications que la mesure d'un phénomène peut avoir sur ce même phénomène). Ce concept met en exergue les répercussions que la mesure de la performance peut avoir en termes de résultats (des indicateurs mal conçus peuvent conduire à des résultats négatifs) et sur ses implications pour les processus démocratiques (des indicateurs mal compris peuvent induire en erreur les politiques et la compréhension de leur impact). La contribution de notre thèse est triple. Tout d'abord, nous proposons trois entrées pour mieux saisir la notion de performativité. Nous nous intéressons particulièrement aux agencements socio-techniques (AST) de Callon, ou l'enchevêtrement entre les systèmes de croyances entourant la performance et ce qu'ils mesurent (2006). Bien que les AST soient généralement présentés comme une source de performativité, notre recherche y attribue différents mécanismes de feedback, dont certains peuvent être utilisés pour réduire la performativité. Plus précisément, nous constatons que l'élaboration de multiples AST (e.g. des WISE créant leur propre modèle de mesure de la performance) est propice à la délibération, ce qui réduit la performativité. Deuxièmement, nous isolons deux mécanismes de causalité associés à la performativité. Le premier est attribuable à l'environnement de gestion publique des WISE (NWS ou NPG), qui établit le modèle par lequel elles co-créent de la valeur publique. Par exemple, le légalisme du NWS est une caractéristique structurante de l'intégration professionnelle en France où les WISE tirent leur légitimité du conventionnement, alors qu'au Danemark, la NPG crée un quasi-marché de réseau où la légitimité des WISE s'apprécie à la fois par des mécanismes de marché mais aussi par la constitution de capital relationnel et de valeurs partagées. Le deuxième mécanisme causal est l'intention stratégique qui sous-tend la mesure de la performance des WISE: en se basant sur la PVT, nous identifions sept intentions qui sont liées à l'environnement. En France, nous identifions e.g. une intention de conformité (aux indicateurs de performance peu adaptés utilisés par les acteurs publics) qui conduit à des comportements non pas motivés par la mission des WISEs mais par les critères qu'elles doivent remplir pour maintenir leur conventionnement (e.g. dans le recrutement de leurs bénéficiaires). Enfin, nous proposons un état de l'art et un cadre pour appréhender les modèles d'évaluation de l'impact social (SIA). SIA est l'approche de la mesure des impacts qui a été élaborée au cours des deux dernières décennies par des organisations dites d’intérêt général (comme les WISEs) qui tentent d’évaluer leur impact (par exemple SROI, qui monétarise l'impact).

Thesis resume

With an aim of providing employment to a growing pool of marginalised individuals, work integration social enterprises (WISEs) have progressively become valuable partners in the provision of employment policies. Today, their performance is coming under increasing scrutiny in the context of public reforms inspired by the new public management (Hood, 1991) and its offspring such as the Neo-Weberian State (NWS, Pollitt and Bouckaert, 2004) or the New Public Governance (NPG, Osborne, 2006). But how does one measure WISEs’ broad goal of inclusion? And how does this measurement affect the partnerships that WISEs form with their public stakeholders? These questions pertain to a strand of economics that encourages new ways to frame performance, particularly in a policy-making context (see e.g. Gadrey and Jany-Catrice 2016). Our thesis investigates this issue through an international comparison between France (a country pursuing NWS-type reforms) and Denmark (pursuing NPG-type reforms), using public value theory (PVT, Moore, 1995) as a analytical framework . Our thesis brings an emphasis on the notion of performativity (the implications that the measurement of a social phenomenon can have on this very phenomenon). Performativity matters because it shows that the measurement of performance has repercussions on outcomes (i.e. poorly designed indicators can lead to detrimental actions) and on democracy (i.e. poorly understood indicators can mislead policies and the comprehension of their impact). We ascribe our international comparison to Maurice’s societal approach (1989), which allows us to ground our case studies in their environment. We also adopt a critical realist approach (Bhaskar, 1975; Lawson, 2003), whose layered ontology provides a relevant framework to investigate intangible concepts such as performance. The contribution of our thesis is threefold. First, we offer three entries to better capture the notion of performativity. We expend particularly on Callon’s socio-technical arrangements (STAs), or the entanglement between the belief systems surrounding performance and what they measure (2006). While STAs are typically presented as a source of performativity, our research identifies different feedback mechanisms for them, some of which can be leveraged to reduce performativity. Specifically, we see that the development of multiple STAs (through e.g. WISEs creating their own performance measurement model) is conducive to deliberation, which reduces performativity. Second, we isolate two causal mechanisms for performativity. The first one is attributable to WISEs’ public management environment (NWS or NPG), which establishes the model through which they co-create public value. For instance, the NWS’ legalism is a structuring force of work integration in France where WISEs derive their legitimacy from securing a covenant, whereas in Denmark the NPG creates a network-based quasi-market where WISEs’ legitimacy is assessed both on market terms but also through the build-up of relational capital and shared values. The second causal mechanism is the strategic intents that underpin WISEs’ performance measurement in the context of their partnership with public actors: capitalising on PVT, we identify seven intents which are intertwined with the environment. For instance, in France, we identify a comply intent (in the sense of complying with ill-fitted performance metrics used by public actors) that is conducive to behaviours not driven by WISEs’ mission but by the criteria they must meet to maintain their covenant (e.g. in the recruitment of their beneficiaries). Lastly, we propose a state of the art and a framework to apprehend social impact assessment (SIA) models. SIA is the approach to performance measurement that has been developed in the last two decades by mission driven organisations (such as WISEs) attempting to capture their impact (e.g. SROI, which monetarise impact through the use of financial proxies).